Prochaine commission 21/11 - Filles de harkis, ajout photos et discours L. Boudaud - Newsletter n° 1 - In memoriam Majid KHELLOUT

Un jour, un témoignage : découvrez Saïd GAHIA

[texte intégral d'origine conformément à la demande du dépositaire]

Saïd Gahia : fils et petit-fils de Harkis.

Très jeune (fin des années 80/début des années 90), je me suis vite intéressé aux origines de la venue de mes parents dans la métropole (particulièrement en Franche-Comté). Gamin, chaque mois, à l'arrivée dans la boîte aux lettres, le magazine "La voix du combattant" nous était livré. Je l'effeuillais attentivement dans l'espoir d'y voir peut-être un jour la mention "Guerre d'Algérie" et possiblement le nom ou la photo de mon père (Ali Gahia), ou au moins de quelque chose pouvant s'y rapprocher... espérant que son nom, son visage viennent s'inscrire dans ce fameux Roman National dont on nous abreuvait l'esprit sur les bancs de l'école et ailleurs! Mais rien...

C'est du côté maternel que les informations sont arrivées à moi. Fin des années 90, un reportage sur les harkis est diffusé sur France 3. A la grande surprise de toute notre famille (ALLOU), nous découvrons le visage de notre grand-mère avec ses enfants (dont ma mère) arrivant à Marseille le 23 juin 1962 selon la vidéo de l'INA [voir le lien ci-dessous]. Un soldat leur offre semble-t-il un bonbon, et un plan fixe sur ma grand-mère nous donne l'à voir elle et son petit-fils! En un instant, ils sont beaux. L'image est belle laissant dire que tout va bien... Vraiment? Ma chère grand-mère maintenant décédée aura eu l'occasion plus tard de confirmer qu'il s'agissait bien d'elle sur cette vdéo .

Une vingtaine d'années passe, je suis alors aux Etats-Unis, et lors d'un travail universitaire en études de cinéma une photographie frappante (parue dans Le Monde Magazine qui m'est apportée de Paris, [voir le lien ci-dessous] s'impose à moi. On y voit ma grand-mère, elle qui venait, moi enfant, me chercher à l'école maternelle en habit kabyle. Toujours dans cette robe similaire, elle est cette fois assise entourée de tentes dans la camp de Bourg-Lastic (selon le document, daté du 24 juin 1962). Le lendemain de la vidéo prise à Marseille! Le choc!

De ces rencontres hasardeuses, j'en ai fait un petit court-métrage en guise de travail cinématographique et mémoriel [voir le lien ci-dessous] en collaboration avec l'Historien spécialiste de la Guerre d'Algérie, Professeur Shepard (en acteur principal). Il s'agissait certainement d'une manière d'exorciser ce moment, de le questionner, de le garder en mémoire... Je continue de chercher... inlassablement pour connaitre, savoir, d'où je viens afin de mieux savoir où je peux/dois aller

Mon père et mes grands-parents n'étant plus de ce monde, c'est avec ma chère maman que je veux et souhaite concrètement connaître le parcours de mes ancêtres. Cette histoire est la mienne mais aussi elle est celle de mes frères et soeures, de es nièces et neveux. Mon onlce (Ali) et ma tante (Tassadit) ont la leur! et c'est à vous d'en déceler le parcours à travers vos recherches.

Cette loi de réparation qui consiste à quantifier les souffrances subies par les harkis sera, je l'espère, mise en oeuvre au plus vite...
Amicalement.
Saïd Gahia 

« Je continue de chercher... inlassablement pour connaitre, savoir, d'où je viens afin de mieux savoir où je peux/dois aller. »

Saïd Gahia, fils et petit-fils de Harkis.