Témoignages de Harkis, de leurs familles et/ou de leurs proches déposés sur "demarches.simplifiees.fr"

Information du lecteur :

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Présentation des témoignages recueillis

Ces témoignages, parfois anonymisés, parfois non, mais forcément très personnels, sont une richesse pour celui qui voudra bien les découvrir et peut-être aller plus loin.

Qu'ils s'agissent de témoignages écrits ou filmés, de photographies ou de vidéos, d'articles de journaux ou de poèmes, tous participent de notre mémoire collective.

Ils ont vocation à être lus, vus et partagés car ils amènent la connaissance de l'autre. Ils apportent un regard parfois différent sur des événements vécus et/ou subis et permettent de lutter contre l'inculture et les préjugés.

Alors n'hésitez plus, découvrez, lisez, regardez et, surtout, faites-connaitre le site "harkis.gouv.fr" pour partage davantage afin de faire-savoir et de rayonner.

Bonne découverte...

Témoignage n° 17391148 déposé le 13 avril 2024 par Madame Saliha AMADJI

« Je suis outrée qu on nous demande combien de temps nous sommes restés dans les camps ou les structures avant d arrivée dans ses camp de la honte nous avons passé un autre camp en Algérie sous protection de l armée française avant d embarqués dans les calle de bateaux comme des animaux sans compter le départ dans les camions bâche est sui i par la violence du FLN plus de 60 ans après on nous demande combien de temps nous sommes restés dans les camps c est le service social qui nous diriger et c est eux qui décidait de notre sortie c est après 60 ans ou presque tous les harkis sont décédé que l' on veut les indemnisés avec des. Somme a vomir quand je vois comment les Ukrainiens ont été accueillis avec respect dignité et logé dans hôtel camping 3ou 4 étoiles oui j ai la rage est jusqu'à maintenant le traumatisme reste et oui mon père est mort et n a pu profiter de cette indemnisation en tant que supplétifs de l armée française vu les évènements nous avons avons aucun document et encore moin des vidéos car on avait pas de portable pour filmer 😂 j ai passé toute ou presque mon enfance des camp et les structures jusqu'à mon mariage en 1982 et vous parlez de réparation même dans les structures ont été mal traiter par les assistance sociale qui nous frappé bref en tout cas merci la France de nous avoir oublié  »

Témoignage n° 17356553 déposé le 11 avril 2024 par Madame Malika GUEDJIDA

« Bonsoir, je suis enfant d’harkis je suis les nez d’une fratrie de sept enfants mon père est arrivé en 1963, au camp de Rivesaltes avec sa familles Ma deuxième sœur est née à Rivesaltes, d’après les dires de mes parents dans des conditions déplorables. Dans ce cas, mon père a été mis en prison dans ce camp car ma sœur et moi pleurons par moment, nous étions à côté d’une infirmerie où le médecin faisait ses consultations. Cela dérangé par nos pleurs. Mon père a été mis en prison, juste que ce soit ma maman qui est allé voir la Haute autorité pour le faire sortir, bien sûr, ça paraît risible. Mais c’est pourtant vrai. Après ce séjour dans ce camp, mon père a été affecté au camp forestier de Gonfaron. En 1966 mon père est tombé gravement malade, ne pouvant plus travailler et subvenir aux besoins de sa familles mon papa faisait de grosses crises d’asthme entre sept et huit ans ma maman nous envoyer au bar du village à 3 km du village pour téléphoner pour une ambulance pour venir chercher notre père. Comprenez la souffrance et l’inquiétude de deux enfants qui courait tout le long deux de la route, par peur de ne pas arriver assez tôt et perdre leur papa, cela se reproduise et bien sûr assez souvent bien sûre aujourd’hui en ayant travaillé dans un milieu médical, je pense que mon père était allergique à certaines plantes. Chaque fois qu’il se rendait au travail. Bien entendu il s’étouffer ne pouvant plus aller travailler, on la fait démissionner et là commence la grande galère n’est parents, ne sachant pas écrire et lire bien sûr ça cumulé les retards de courrier et de la plus de salaire, nous avons même eu l’arrêt des allocations familiales pendant sept mois plus d’argent à la maison. La seule peur de nos parents étaient qu’on leur enlève leurs enfants. Je ne vous cacherai pas qu’à la maison notre repas quotidien était des pâtes au lait , bien sûre, dans tout cela, mon père rentrer et sortez à l’hôpital. Nous vivions cela traumatisé et ma maman ne sachant ni lire ni écrire, se débrouiller. Comme il pouvait par-dessus tout cela la monitrice du camps m’étais la pression à mes parents, en leur disant qu’ils allaient être expulsé que Lhuissier allait venir et mettre toutes nos affaires dehors. Nous n’avions plus rien à faire au camp, car mon père ne pouvait plus travailler pour l’ONF bien sûre dans notre situation, malgré la situation, nous préférions rester là, car encore payer un loyer était très compliqué pour nous, elle finira par y arriver, mais parents ont fini par partir malgré ce logement. Dans le cas où nous-mêmes nous étions transi de froid l’hiver car nous n’avions pas les moyens de nous chauffer nous avons fini par partir bien sûre, mais parents se sont retrouvés avec un loyer encore plus important. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour remonter nos difficultés quand mes parents sont partis du camp le le seul endroit où ils ont trouvé à louer était un petit cabanon de 10 m² en pierre. Mon père dit à ma maman et bien nous mettrons les enfants à l’abri dans le cabanon ouvriront nos affaires avec une bâche à l’extérieur, et nous deux adultes nous dormirons dehors, nous avons vécu comme cela. Heureusement pas très longtemps, car la propriétaire du Cabanon avait une maison vacante. Ses locataires étaient partis. Elle nous la proposé. Je pense qu’elle a eu pitié de nous. Bien sûr nous sommes retrouvés au village dans cette grande maison si grande que très dur à chauffer, nous avions très froid l’hiver c’est pour vous dire que quand on se parlait y avait de la buée qui sortait de notre bouche tellement il faisait froid mais parents faisait ce qu’il pouvait les cheminées avaler toute la chaleur bien sûre vu qu’il n’avait pas les moyens nous allons au bois les jours, on avoue on avions pas de classe pour pouvoir vous chauffer l’hiver qui arrive et tout cela pendant des années heureusement qu’en 1980 il y a eu le relogement des harkis. Mon père a quand même fait une demande à logement a été attribué pour Lui à Saint Maximin, la Sainte baume. Bien sûr, plus de confort, un environnement un peu plus agréable à cette époque. Là nous commencions à être grande. Pas le choix, nous avons quitté l’école pour subvenir à nos besoins et aider nos parents. Surtout moi l’ainée je me suis débrouillé à rentrer travailler dans un milieu hospitalier en tant que tel sache pendant huit ans puis j’ai passé mon diplôme d’aide-soignante pour mettre un peu de beurre dans les épinards pour mes parents et mes frères et sœurs qui n’ont connu jusqu’à présent que galère Par la suite, ma deuxième sœur m’a rejoint ma troisième sœur m’a rejoint aussi même cursus bien sûre de la. J’ai tout fait pour que mes autres frères et sœurs de la fratrie. Puisse aller à l’école et avoir une scolarité normale et une enfance plus ou moins normal ils ont écouté leur grande sœur ont fait de bonnes études ont eu leur bac le seul qui a eu des soucis malgré son bac+3 et qu’il y a eu beaucoup de mal à trouver du travail cela l’a beaucoup perturbé. Il est dépressif maintenant et ce n’est pas facile d’ailleurs il parle toujours de notre enfance tout revient. Ce n’est pas évident ni pour lui ni pour nous. Voilà après cette enfant ce terrible. Je pense que l’indemnisation que nous avons eu est vraiment minime par rapport à notre souffrance, mon papa est décédé maintenant en 2018 , et ma maman est très fatigué, en plus d’avoir subi toutes ces souffrances et en plus d’avoir aucune famille auprès de nous toute notre famille est resté en Algérie. Nous sommes les seuls en France. Bien entendu personne pour vous aider et pour reporter secours. »

Témoignage n° 16920089 déposé le 19 mars 2024 par Madame Dalida BOUARABA

Mon papa ancien supplétif décédé en septembre 2022 a pendant des années dû se battre pour être reconnu. Il a, comme de nombreux compatriotes, combattu et a été abandonné à son propre sort. L’État a rapatrié beaucoup de familles certes, mais combien de familles ont été lâchement abandonné.

Mon papa Bouaraba Arab s'est débrouillé seul pour revenir en France perdant tous ses biens en Algérie et laissant ma maman sur place au cas où il serait tué.

Je suis sa dernière fille et je me suis battue pour qu'on lui donne cette reconnaissance de la nation qu'il a finie par obtenir. La veille de son rapatriement, son bataillon a essuyé de nombreux tirs qui ont décimé les hommes présents, seuls mon Papa et 2 de ses acolytes ont échappé à ce massacre. Ils ont regagné la France seul et n'ayant pas signé le dispositif de la nationalité française avant 1973 dû à leur illettrisme, La FRANCE ne les a pas aidé.

J'ai fait de nombreuses demandes quand j'ai appris que de nombreuses personnes étaient comme mon papa et, heureusement, grâce aux combats des différentes associations la nationalité n'a plus été un critère d'octroi de la reconnaissance de la nation.

Mon père a pu percevoir cette reconnaissance et sa retraite du combattant.

Malheureusement, toute sa fin de vie, il a cherché à ce que l'État reconnaisse le préjudice réel qu'il a subi, car lui aussi a vécu dans des conditions déplorables à sa venue en France et mes sœurs et frères également.

Je lui ai promis que je ne lâcherais pas alors aujourd'hui par mon témoignage, j'aimerais que des familles qui comme nous n'ont pas été aidées puissent se faire connaître. Il est injuste que seul les familles qui ont un numéro de rapatrié soient encadré par l’État et que seuls leurs enfants soient reconnus pour leurs conditions de vie dans les camps. 
Pensez-vous que pour nos familles, les conditions de vie étaient meilleures. Nos pères sont repartis de zéro dans un pays, la France, qui aurait dû les aider, mais elle les a laissé se débrouiller seuls et n'a aidé que quelques familles qu'elle continue de protéger.

Je ne remettrai jamais en question la misère et la souffrance de ces gens, mais eux, ils ont été accompagnés. Nous on avait rien, même pas de quoi manger et même pour nous le droit à l'instruction a été compliqué. Beaucoup de nos frères et sœurs n'ont pas pu suivre des études alors qu'ils avaient également ce droit à l'instruction. Nos parents ne savaient ni lire ni écrire alors comment ils auraient pu réclamer ce à quoi ils avaient droit ?

Alors comment accepter toutes ces injustices et comment accepter que la France continue de renier nos papas, ces héros, qui l'ont payé cher d'aider un pays qui les a abandonné par la suite.
Je souhaite sincèrement qu'un jour, on ne fasse plus de distinction entre les rapatriés et les autres, car au final le combat était le même pour tous et les souffrances également.

On dit que la France est un pays des libertés et égalités pensez-vous qu'au regard du passé les anciens combattants ont tous été égaux ?

Témoignage n° 16038614 déposé le 30 janvier 2024 par Madame Jamila BOUCHAOUR

Bonjour, j'ai instruit une demande d'indemnisation concernant la loi n° 2022-229 du 23 février 2022 qui n'a jamais abouti.

Je m'explique : cette loi indemnise les personnes ayant fait un passage dans les camps et a été élargie aux zones urbaines. La cité ou j'ai grandi n'est pas dans la liste de découpage, car elle a été détruite.

Vous pouvez voir sur YouTube : la Cité du Port Marchand, au 145 rue du commandant Infernet, à Toulon dans le Var.

Comme je m'évertue à l'expliquer par plusieurs mails et courriers électroniques au président, je considère que cela est une injustice. Le cadastre ne peut pas répertorier un quartier s’il a été détruit, mais ceux qui ont vécu là-bas ne peuvent pas faire abstraction de leurs conditions de vie antérieure.

J'ai mon frère sous tutelle et ma sœur et nous sommes dans la même situation.

Pouvez-vous nous aider à revoir le découpage pour remettre équitablement la Cité du Port Marchand dans la zone prioritaire (pour ceux qui y ont vécu bien sûr.)

Les élus sur la vidéo ont bien traduit l'urgence qui a amené la ville de Toulon à détruire cet endroit qui n'aurait jamais dû exister. Sincèrement, l'État a bien fait de détruire cet endroit, mais l'État, aujourd'hui, ne peut pas nous demander d’être amnésiques.

J’ai vécu 17 ans dans cette cité et encore aujourd’hui, je suis incapable d'aller dans une cave ou dans un parking, seule.

Mon père est resté 3 jours dans la cale d'un bateau pour arriver à Marseille, il n'a jamais revu l’Algérie et chaque fois que j'ai une difficulté, je pense à lui. C'est un système qui l'a abandonné et je crois en l’humanité et à la bienveillance et surtout à la justice.

Je viens vers vous, car je pense aux valeurs et à l'exemplarité dont mon père a fait preuve.

L'amour que j'ai pour la France m'a été transmis à travers les yeux, l'éducation et le cœur de mon père.

Témoignage n° 12595207 déposé le 14 janvier , modifié le 15 janvier 2024, par Monsieur Madjidi MOHAMED

« Bonjour, je suis fils de harkis et je suis fier de mon père Amar qui a servi la France.

Oui, nos parents ont souffert et nous aussi, d’abord les hameaux de forestage, le froid et la neige. Puis on se retrouve dans des baraques préfabriquées d’un camp militaire au champ de manœuvres de Montpellier, 7 enfants plus la grand-mère. Des baraques de tôles, un poêle à mazout, l’été chaleur et le froid l’hiver, bref, on était mis de côté.

Mais surtout la souffrance des aînés. Rien ne pourra réparer le vécu de nos parents qui on choisit la France et qui ont défendu le drapeau. Merci à eux hommes et femmes.

Certains souvenirs me reviennent : le bateau, sur le pont, on courait, mon petit frère avait la rougeole, le camp du Larzac... Dans les tentes, il pleuvait et mon père mettait de la terre sur les bords de la tente, car de l’eau rentrait dans la tente. Puis les camions militaires sont venus pour nous emmener à Beaurières, un hameau de forestage. Il y avait aussi mon oncle et ses enfants lors du transfert. Des Algériens nous suivaient et faisaient signe de nous égorger. Mon père et mon oncle se débrouillaient comme ils pouvaient. Une nuit, on entendit des bruits sur la porte et on avait peur, car on pensait que des hommes venaient pour nous faire du mal. Mais toute la nuit entière pas dormi et au matin mon [père] nous a rassuré, c’étaient des sangliers.

Je n’allais pas à l’école, mais il y avait un monsieur blanc qui s’occupait un peu des harkis, un homme bon. Puis Montpellier, au champ de manœuvre, on était 10 personnes vivant dans ces baraques, 10 personnes avec la grand-mère bien sûr. Pour 4 chambres, pas de chauffage, juste un poêle à mazout et l’été une chaleur incroyable, car le toit était en tôle en zinc.

D’ailleurs, c’est dans ce camp que je me suis fiancé après mon service militaire.

Et je me rappelle bien que le jour des élections, ils venaient chercher nos parents en voiture et encore plus de profiter de nos parents qui ne savaient ni lire, ni écrire.

Je suis fier de mon père, de nous avoir élevés et nourris. À ma connaissance, ils payaient un loyer pour ces baraques infestées de cafards, bref ce n’était pas drôle de vivre dans ces conditions.

L’école primaire, c’était à 1 km, même si on faisait l’école buissonnière. Les profs s’en souciaient peu, certains ont réussi à l’école, d’autre ont abandonné, on n’était pas suivi. Voilà la vie de nos parents et la nôtre.

Je reviens sur mes souvenirs, il y avait un boulanger qui faisait sa tournée dans le camp pour le pain, le lait et les œufs… Il n’y avait pas de commerces à proximité du camp.

Alors je reviens vers l’école, certains de nous avait un retard au niveau scolaire. Même moi. Et le collège, on n’en parle pas, une catastrophe pour moi. Moi qui voulais être dessinateur, c’est loupé.

On était un peu isolé là où on habitait. Alors quand il pleuvait, on mettait des seaux, des bassines, car l’eau, parfois, coulait par le toit. Mon père, Amar, avait une mobylette qui a bien servi. Nos parents ont fait leur possible pour vivre et nous faire vivre. Ils étaient malheureux et quelque part, quand ils se réunissaient autour d’un café, ils parlaient de leur jeunesse et de leur engagement pour la France. Malheureusement, elle a abandonné ces hommes et ces femmes qui l’ont servie. Réparation et reconnaissance sont de jolis mots, mais ils ne peuvent réparer la souffrance, la dignité des HARKIS. »

Merci de m’avoir laissé témoigné,
Madjidi Mohamed, fils de AMAR

Témoignage n° 15699487, déposé le 9 janvier 2024, par Madame Houria ABERKANE

« Comme beaucoup de Harkis et d'enfants de Harkis, la fin de la guerre d’Algérie n’a pas été respectée comme cela aurait dû l’être tel que spécifié dans les accords d’Évian.

Nous n’avions aucune chance ni aucun avenir à rester en Algérie. Il était illusoire de nous faire croire qu’après cette guerre, nous pouvions rester vivre aux côtés de nos ennemis d’hier lorsque l’on voit que 60 ans après la cicatrisation ne s’est pas encore produite.

L’État français a désarmé nos parents et s’est opposé à ce que l’on soit rapatrié sur la métropole puisque nos parents étaient des militaires français et auraient dû être incorporés en France dans d’autres régiments. La France a eu honte de ces soldats honorables, vaillants et hommes de paroles.

Le rapatriement sauvage des familles, séparées, s’est fait de façon cachée, inorganisée inhumaine. Les chefs de famille étaient séparés du reste de leur famille, laissée au bled, et qu’il ne pouvait pas faire rejoindre. Certains justes et officiers très courageux ayant désobéi à leur hiérarchie ne voulaient pas laisser ces soldats aux mains du FLN pour être massacré par vengeance. Leur aide a permis à certains chefs de famille de réussir. En parler est une souffrance quotidienne donc témoigner est difficile.

La réparation tant promise et voilà que les familles ayant été empêchées de rejoindre leur conjoint ou père, car les conditions de vie ne le permettaient pas. Ce harki, considéré comme célibataire, n’avait même pas les moyens de faire venir sa famille dans des conditions décentes. Ces familles devaient se cacher au milieu de l’ennemi de la France d’hier. Il fallait se cacher. Arrêter de vivre, de dire qui on était. Effacer une partie de sa vie, de son enfance. Pourquoi ces enfants doivent-ils grandir loin de leur père ? Qu’a t’il fait de mal ? Allez l’expliquer aux familles et aux enfants.

Aujourd’hui, on nous reproche de ne pas être arrivés dans les délais et dans les temps pour pouvoir prétendre à une réparation financière. Encore une fois, nous sommes obligés de mendier pour avoir une réparation du préjudice subi.

C’est un combat incessant qu’il faut avoir et nous le mèneront jusqu’au bout, car à la différence de nos parents illettrés, trahis, manipulés, nous exercerons tous les recours permis et autorisés que notre pays la France nous donne devant les autorités et les gens qui nous ont trahis et qui nous privent de la réparation de nos droits.

Je ne suis pas seule. Le dernier rapport transmis par l’association AJIR lors de l’assemblée générale ayant eu lieu à RIOM 62 en septembre 2023, a attiré l’attention des gouvernants sur la situation des personnes harki n’ayant pas transité par les camps de forestage, car elles avaient été empêchées pour plusieurs raisons. La parole du président Macron lorsqu’il demande pardon aux harkis et son engagement à la réparation en faisait partie en demandant aux personnes chargées de ces indemnisations de lui faire remonter les cas particuliers. Cela en fait partie.

Merci à vous de faire suivre à qui de droit. »

Famille ABERKANE de Sisteron, GHARSALLI de Valbonne et GONFARON

Témoignage n° 15652891 déposé le 6 janvier 2024

« Bonjour,

Étant jeune, j'ai subi beaucoup d'insultes de haine parce que j'étais fils de harki.

Plus tard, après une altercation à la suite d'insultes sur les harkis, j'ai reçu un coup de couteau au niveau du thorax. J'ai eu un poumon déchiré.

Le mot harki est une insulte de la part de personnes qui n'en connaissent pas la signification. »

Témoignage n° 15384582 déposé le 13 décembre 2023

« La proposition de réparation concernant les membres de ma famille et moi même n'a jamais été prise en compte et pour cause.

Nous devions fournir les preuves de séjours dans le camp de St-Maurice l'Ardoise en ce qui nous concerne en juin 1962. Or nous sommes en possession d'un document portant la date de notre entrée dans ce camp mais nous n'avons aucun justificatif concernant notre date de sortie. C'est le cas de dizaines de milliers de personnes au vu du nombre de dossiers pris en compte.

Après maintes et maintes recherches auprès de différents organismes il semble qu'il n'y ai aucune archives. Pourtant d'après nos renseignements nous étions censés bénéficier d'allocations familiales. Mais là aussi il n'y a aucune trace de ces versements à l'allocataire qui été notre père, qui lui même n'en a jamais entendu parler durant notre séjour dans le camp.

Ce qui parait invraisemblable c'est que les héritiers de victimes des camps de guerre de 39/45 aient pu être indemnisés de leurs préjudices alors que les archives sont bien plus lointaines. Bien entendu il n'y a pas de comparaison entre un préjudice et un autre mais on peut légitimement s'interroger en tous cas comparer la différence de traitement et de prise en compte des événements et des personnes.

Non seulement nos parents n'ont jamais été indemnisés de la même manière que les européens rapatriés d'Algérie (nous en avons côtoyés quelques uns) mais ils l'ont été à un âge avancés plus de la moitié d'entre eux n'ont pas eu le temps d'en profiter mais aujourd'hui leurs enfants subissent le même traitement. Quelques uns ont été ou vont être indemnisés, les autres resteront sur le carreau.

Une belle opération de propagande ! C'est insupportable. Voilà mon témoignage. »

Témoignage n° 14733056 déposé le 24 octobre 2023 par Madame Nadia FERAHTIA

« Je suis née en 1964 à Vannes à Saint-Avé, cité des Ajonc jusqu'en 1970

Je voulais juste expliquer que mes vacances d'été je les passait avec mes parents et mes frères et sœurs à Saint-Maurice-l’Ardoise chez mes grands-parents. Comment voulez-vous que l’on puisse s’épanouir dans une enfance sectaire et dépendante de règles faites par un commandement autoritaire que nos parents et grands-parents devaient se plier.

La cité des Ajoncs, je m’en souviens, c'était des baraquements, comme chez mes grands-parents, tous ces baraquements se ressemblaient que ce soit dans le Morbihan ou dans le Gard. Sans l’amour de nos parents pourtant qui étaient en souffrance, nous avons réussi à nous en sortir. Mais, malgré cela il nous manque l’essentiel, un mal être permanent, un manque de confiance et malheureusement une peur encrée en nous, un héritage que nos parents nous ont transmis sans le vouloir. »

Témoignage n° 14520621 déposé le 10 octobre 2023 par Monsieur Messaoud BENRAMDANE

« Je m'appelle Messaoud Benramdane et je suis fils de Harkis. Je suis [né] a St Vallier Sur Rhone dans la Drome le 17 Novembre 1969. Je reside a Londres au Royaume unis depuis 1992. Je voulez ecrire un temoignage sur la vie et le combat quotidien que nous avons dus endure depuis le jour ou j' ai mis un pied a l'ecole. Je detestais l 'ecole car le racisme a laquelle j 'etais confronte n'aurais jamais due avoir lieu.

Pratiquement tous les jours j 'etais victime d'insulte parce que j'etais d'origine Algerienne. des insultes tel que "sale arabe", "sale melon", "sale gris", "saler bougnoule", "sale crouille" etais notre quotidien. Les remontrance par les professeurs qui me disaient "retourne dans ton pays garder les chevres, tu es un bon a rien" ou " tu fera jamais rien de ta vie, tu vas finir au chomage conmme tout ce qui vienne d'ou tu viens" ou simplement "pourquoi tu ne retourne pas chez toi, on en mare des bicots ici" et j ' en passe. Voila le quotidien d'un sale melon qui a grandit sous la republique et qui embrasse ses valeurs. Le pire c'est que je suis catholique, baptise et fais ma premiere communion. Sans casier judiciere, je n'ai jamais compris pourquoi tant de haine a notre egard. A 22 ans j 'ai decide de quitter la France car il est acceptable d'etre traite comme un etranger al 'etranger mais pas dans mon pays. Cela fait 31 ans que j'habite Angleterre et jamais je me suis fait insulte de sale arabe ou autre insulte attache a mon groupe ethnique. Ici j'ai ete a l'aise tout de suite et j'ai pus m' epanouir academiquement. j'ai passe ma license et viens juste de finir une Maitrise en Anthropologie de La Nourriture a SOAS University London qui est al 6eme meilleur university au monde pour l anthropologie.

J aime la France car c'est mon pays, je ne serais jamais Anglais, je mourrirais Francais en depit des souffrance que j'ai souffert et endure. La France a une histoire lourde a assume, la terre de la democratie et des droits de l'homme, on souvent etait bafoue et cache. Les erreurs qu'elle a commis durant sa longue histoire doit maintenant etre devoile sans embarras ou mepris.

Voila le temoignage de 22 ans vecut en France, qui en se tournant vers son passe se dit "pourquoi le systeme, les gens nous ont montre tellement de haine alors que nos parents se sont battus pour la france" un pays qui avait colonise leur pays. Mes parents ont tout perdu et nous nous somme ne sans rien ou tres peu. A cause de cela j'ai grandit sans cousin, tante ou grand parent. aucun support familial dans les moments dur, rien du tout juste notre famille. Financierement, la vie etait tres dur, mon pere est mort a mes deux ans, ma mere veuve tres tres jeune avec 4 enfants, travaille dans une usine la semaine et faisait des menages le week end. L' argent de poche. nous en avons jamais eu, les beaux habit de marque on ne connaissait pas non plus. Nous avons toujours mange a notre faim ,jamais manque de rien dans la cuisine. Ma metre a achete une maison et tout son argent y passait donc il ne restait pas grand chose a la fin du mois et on s' y accomodait. Notre vie en tant que harkis dans les anneese 80 etait pas une parti de plaisir.

Alors maintenant si l'etat francais veux faire un geste financier et reconnaitre le prejudice dont nous avons souffert ce serait un geste magnifique.

Excuser mon orthographe cela fait 31 ans que je reside a Londres et J'ai oublie beaucoup de chose. il aurait etait plus simple d' ecrire en Anglais. »

Témoignage n° 14419407 déposé le 4 octobre, modifié le 5 octobre 2023

« J'ai vécu près de 25 ans à la cité des Mimosas à Cannes.

Étant enfant je n'avais pas conscience des conditions de vie abominables infligées aux Harkis : absence totale d'hygiène, parents mis sous tutelle par les encadrants des camps, accès rudimentaires aux besoins élémentaires de santé.

Je n ai pris conscience de cette réalité qu'au moment de l'adolescence en comparant notre mode de vie avec les « européens » que j'étais amenée à fréquenter et de constater qu'une salle de bain était tout ce qu il y a de plus normal.

Nous avons vécu comme des bestiaux parqués loin de tout ce que la société française de l'époque pouvait offrir même aux plus modestes.

Une fois adulte, j'ai été confrontée au paradoxe d'avoir un prénom français choisi par des infirmières lors de l'accouchement de ma mère et le fait d'être perçue comme arabe au vu de mon physique. Moralement une période très difficile pour essayer de trouver sa place dans la société.

Un parcours très compliqué pour pouvoir s'assumer comme enfant de harkis. »

Témoignage n° 14372328 déposé le 2 octobre 2023 par Monsieur Abdelhamid TOUALBIA

« Je me prénomme Abdelhamid Toualbia né le 2 décembre 1960 à Behir Chergui en Algérie.

Rapatrié avec ma famille le 20 octobre 1962 à la fin des événements en Algérie.

J'ai été interné dans le camp de Rivesaltes, dans le camp de Saint-Maurice-l’Ardoise, dans le camp de Bias, dans le camp du Vigeant, dans une ancienne prison désaffectée, dans des préfabriqués construits à la hâte afin d'y accueillir les rapatriés Harkis, dits Français de confession musulmane, pour nous déloger de l'ancienne prison, car nous étions en situation illégale, que l'administration pénitentiaire voulait récupérer son patrimoine immobilier et malgré qu'un loyer était perçu à l’époque.

De 1960 À 1975, 15 ans, mes meilleures années, celle de mon enfance sacrifiée et volée pour raison d’État.

La suite n'est pas plus glorieuse car sortie des préfabriqués notre famille a été dirigée et logée dans des cités HLM.

Une vie de promiscuité de combat contre l'insertion et l'adaptation, du fait de mes origines et du fait de l'histoire de mon père ancien Harki.

D'un côté, j'étais le bougnoule, le sale Arabe, l'étranger et de l'autre le fils du traître, celui qui a trahi son pays, injures aussi bien des Français de souche que des Algériens vivant en France.

Je devais lutter contre cette discrimination, je devais lutter contre la vie du déraciné que j’étais, je devais lutter contre ma double identité et apprendre à vivre avec ma double culture.

Mes origines Arabe Français musulman, m’ont été collées et gravées, tatouées à jamais, et par l'administration, et par la vie. Un parcours difficile à l'école, ensuite dans mon insertion et activité professionnelle où je me souviens de Mr XXXXX chez qui je faisais un stage professionnel, qui m'a fait dégoûter de travailler pour une entreprise. Toujours à m'insulter, me faire rappeler qui j'étais un ARABE, un bougnoule que je faisais du travail d'arabe. Je lui ai réglé son compte et je me suis fait viré par l'administration,. J'étais coupable, sans que me soient reconnues certaines circonstances atténuantes.

J'étais un enfant et c’était très dur de lutter et de ne pas comprendre pourquoi j'étais différent.

C'en est suivie une période très difficile d'intégration, alcool, anxiolytique, une drogue légale prescrite et remboursée par la sécurité sociale.

Dans les faits, je suis né au mauvais moment et au mauvais endroit dans une histoire qui n'était pas la mienne.

Alors, âgé de 63 ans bientôt, ne serait-il pas juste que je puisse finir ma vie en paix.

Mais ce n'est pas avec ce que je perçois par mois 994 euros, que cela soit possible. Je vis actuellement dans une maison située au bord d'une avenue ou circulent beaucoup de voitures et entouré de beaucoup de maisons. Je ne demande pas l’aumône, mais mes droits, ce qui m'est dû. J'ai écrit à la préfecture, à M le président de la république Mr Macron, aux élus, mais rien, aucunes réponses. »

Dessin crayonné de l'enceinte du camp de Saint-Maurice-l'Ardoise, vu de la clôture barbelée et d'un mirador (1962)
Dessin crayonné de l'enceinte du camp de Saint-Maurice-l'Ardoise, vu de la clôture barbelée et d'un mirador (1962) (c) Adel Haraka / source Abdelhamid Toualbia
Lettre préfet de la Charente au sous-préfet de Cognac quant au devenir de la Maison d'Arrêt de Cognac
Lettre préfet de la Charente au sous-préfet de Cognac quant au devenir de la Maison d'Arrêt de Cognac / source Abdelhamid Toualbia

Témoignage n° 14320425 déposé le 29 septembre 2023 par Madame Nadjette GUITTON née REBAI

« Bonjour,

Je m’appelle Nadjette Rebai, je suis née le 20 mars 1961 à Morsot département de Bône en Algérie.

Mon témoignage : j’avais 1 an quand mes parents ont fui la guerre sur un croiseur de guerre. J’ai vécu sous toile de tente dans les camps : froid, neige. Depuis, je déteste la neige et les toiles de tente.

La misère, le racisme.

Quand on a quitté les camps, on nous a envoyés à Cognac en Charente, cantonnés avec d’autres familles dans l’ancienne prison. Morbide pour des enfants et quand on allait à l'école Beaulieu à Cognac, quand on donnait l’adresse du domicile : Prison, rue Bellefont à Cognac, la maîtresse nous punissait car elle ne nous croyait pas.

On a vécu beaucoup de racisme jusqu'à aujourd'hui. On n’a jamais été acceptés. Pour moi, je me sens apatride. Mon papa est décédé en janvier 2010 et je me sens encore plus perdue dans ce pays qui ne nous a jamais respectés et acceptés : la France !

Mon père est parti sans pouvoir revoir l’Algérie car ça lui était interdit : harki traître. Mon fils, qui est pourtant moitié arabe et moitié français a subi le racisme. À 34 ans, ça n’arrêtera jamais.

Voilà mon ressenti. Cordialement. »
N. Guitton

Témoignage n° 14290181 déposé le 27 septembre 2023 par Monsieur Marc Benredjem. Poème tiré de son recueil" Poésies et romance du vent" (éditions Saint Honoré Paris).

« Crime d’État,

J’ai passé ma triste et tendre enfance
Entre la guerre, l’exode, et la douleur.
Comment comprendre cette décadence,
Dans l’esprit d’un enfant interrogateur
À qui on a volé toute son innocence.

Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie
Alors que nous fûmes lâchés par la France.
S’ensuivit un effroyable massacre des harkis
Sous l’œil bienveillant de l’ancienne puissance,
Qui avait d’autres ambitions et stratégies.

Chaque jour nous étions la proie de ces fous.
Qui venaient nous voler le peu de nourriture
Et souvent, dans leur furie, nous rouer de coups.
Nous subissions ces horribles et dures créatures.
Qui pendaient même des pauvres chats à des clous.

Chaque jour, dès que le soleil darde ses rayons,
Nous partions ma sœur et moi glaner notre pitance,
À travers les prés où poussent les asperges et cardons.
Ces plantes étaient indispensables à notre subsistance,
Que nous ramenions avec d’autres denrées à la maison.

Cet ineffable et cruel destin qui nous conduisit
Sur le chemin de la fuite et l’exile à jamais.
Aucun espoir d’un retour vers le sol de notre patrie,
Avec les tueurs à nos trousses qui nous chassaient
Sans aucune pitié dans leurs actes de barbarie.

Nous dûmes tout abandonner et nous réfugier
À l’intérieur d’un camp militaire français.
Loin de ces Marsiens (NDLR) que la haine a aveuglés
Alors qu’hier encore ils venaient dénoncer
Leurs voisins ou frères pour quelques billets.

L’histoire humaine depuis que le monde est né,
Ne fait que se répéter et ceux qui ont des choses
À cacher sautent sur le témoin pour l’éliminer,
Afin de paraître patriotes et défenseurs de la cause.
Un combattant de l’ombre que nul ne connaît.

Nous passâmes plusieurs mois sous une tente
Avec pour horizon les barbelés et les chicanes.
De l’autre côté du grillage la foule menaçante
Près de cette caserne des Salines de Bône.
Au large, le bruit de la mer qui chante.

Un après-midi, on nous fit quitter ce cantonnement
Dans des camions bâchés avec pour ordre le silence.
Un convoi sous escorte armée pour notre déplacement
Jusqu’au port ce fut notre calvaire et notre pénitence.
Puis on embarqua à l’intérieur du grand bâtiment.

Le bateau vient de quitter à jamais le port
Adieu merveilleux pays de mes ancêtres.
Je vois défiler lentement le paysage à tribord
Et les côtes algériennes peu à peu, disparaître,
Laissant derrière moi ce magnifique décor.

La tristesse me prend amèrement le cœur
De quitter ainsi ma belle terre natale
Pour une autre vie, un autre ailleurs
Au fond de moi une douleur s’installe
Moi, l’enfant témoin de ces malheurs.

Le lugubre son du glas tintinnabulait
Au plus profond de mon esprit,
Comme une blessure mal soignée.
Qui torture mon âme et me détruit
Et la tourmente qui me rongeait.

Mon regard se porte alors sur ma mère
Dans ses beaux yeux encore mouillés
Où les larmes sur ses joues brillèrent.
Elle avait l’air si émue et révoltée
Mais soulagée de fuir nos tortionnaires.

Par le hublot de notre petite cabine
Je regardais le ciel parsemé de nuages,
Que le vent doucement dissémine,
Au loin vers les bords du long rivage
Couleur d’une terre opaline.

Nous passions la soirée à bord du paquebot
Et la traversée se passa durant la nuit.
On nous débarqua à l’aurore avec nos ballots
Sur le port de Marseille, loin des folies.
Dans le vaste ciel, la lune blanchâtre luit.

On nous mit en rang triés par famille,
Derrière les lourds camions militaires
Devant moi se tenaient un père et sa fille.
Plus loin un blessé sur sa litière,
Avec un pansement couvrant sa cheville.

Puis les camions roulèrent vers la gare.
On nous déposa en gare Saint-Charles
Nous étions la cible de tous les regards.
Les harkis dont toute la presse parle,
Ceux trahis par le grand Charles.

Le personnel de la Croix-Rouge bienveillant
S’affairait à distribuer de la nourriture,
Et des bouteilles d’eau à tous les enfants.
Nettoyant aussi certain de leurs vomissures
Avec des gestes tendres et parfois émouvants.

On nous fit monter dans ces gros wagons
Tractés par une grosse locomotive à vapeur.
Qui crachait toute sa fumée dans un tourbillon
Et le son de son sifflet qui nous faisait peur,
Au milieu des compartiments sentant le charbon.

Le train se mit en branle comme un long serpent,
Puis peu à peu le monstre prit de la vitesse.
Dans un bourdonnement de bruits effrayants.
Il n’avait pas l’air de se soucier de nos détresses.
Clopin-clopant il avala les kilomètres en bruyant.

Le contrôleur annonça l’arrivée à Perpignan
L’angoisse et la crainte me prirent à ce moment.
Beaucoup, las de ce long voyage très fatigant,
Se réveillèrent à Rivesaltes avec affolement,
Dehors, les camions militaires en stationnement.

On nous hissa sur les banquettes des véhicules.
À l’arrière de ces machines bruyantes.
Un silence de deuil sur les visages incrédules,
Où seule l’action des ridelles brinquebalantes
Donnait vie à nos silhouettes de somnambules.

Les engins stoppèrent devant le poste de police
Une longue colonne de camions se forma alors,
Puis après le contrôle des gardes de service,
Sous l’œil vigilant des sentinelles dans les miradors.
Sur un grand panneau, on pouvait voir des notices.

Devant nos yeux une immense ville de réfugiés
Avec ses bâtiments et ses toiles de tente alignées,
Où la vie semblait rythmée au fil des corvées.
On nous alloua une tente qui venait d’être libérée.
Au loin se dressaient le Canigou et ses pics enneigés.

Ce centre de rétention fut construit pour les Espagnols
Ces républicains qui fuirent les massacres de Franco.
Il se situe sur plus de 600 hectares de terre agricole,
Ces réfugiés étaient internés par la France dans ce ghetto,
Au milieu d’une vaste plaine arboricole et vinicole.

Par chance nous avions pu retrouver notre famille
Au centre de ce morne et gigantesque capharnaüm,
Ou l’abominable détresse humaine se ressentait à l’infini,
Au cœur des alignements géométriques des barnums,
Si austères et si obscurs comme une sombre nuit.

La vie reprit ses droits en l’espace de quelques jours.
Les retrouvailles avec mon père furent une joie.
Ces moments de court bonheur dans notre séjour,
Malgré le souffle glacial de la tramontane et le froid
Qui nous paralysaient le corps sur son parcours.

Nous souffrions surtout de ce frimas dès l’automne
Jusqu’à l’attribution d’un logement dans un bâtiment.
Pour notre intimité, une bâche entre deux colonnes
Un poêle pour le chauffage et à la cuisson des aliments.
Notre existence misérable était bien fade et monotone.

Pas de sanitaire ni toilettes, juste une grosse bassine
Que nous utilisions pour nous laver soir et matin
Entre deux couvertures qui servaient de cabine
Afin de se sentir un minimum propre et humain
Et avoir ainsi un semblant de meilleure mine.

Les WC à la turque étaient dehors sous un bâti en dur
Avec une montée d’escalier à chaque extrémité.
Des portes battantes et des tonneaux sous la structure
Que les hommes aller une fois par semaine vider
Comme lisier humain dans les champs de culture.

Cependant l’amertume me prenait parfois si vite
Lorsque je repensais à des instants de bonheur,
Que j’ai laissé derrière moi doucement m’irrite.
Tout en me cachant aux plus profondes de ma pudeur
Qui me servit de remède lorsque mon cœur palpite.

Puis les jours passèrent au gré de la monotonie
À l’intérieur de ce vaste lieu servant de relégation.
Nous étions des harkis dans nos peines et nos rêveries
Et, chaque jour l’arrivée d’une nouvelle population,
Sous les ordres militaires avec sa rudesse et sa hiérarchie.

Nous avons vécu là pendant plus d’une longue année
Comme la plupart des familles qui sont passées par là.
Avec mon grand frère, on allait de temps en temps travailler
Dans les vignes lorsque nous avions la permission pour ça.
Je revenais le soir complètement fourbu et éreinté.

Ce petit pécule nous servait à améliorer notre quotidien
Comme aller de temps à autre à Rivesaltes au cinéma.
Voir des péplums italiens ou parfois des films égyptiens.
Ces joies étaient notre évasion pour mes cousins et moi
Quand nous obtenions un accord de sortie de nos gardiens.

Souvent je repensais aux Juifs internés dans ces lieux
Lors de la seconde Guerre mondiale sur ordre de Vichy.
À ces pauvres tziganes qui ont connu cet endroit anxieux,
Mort dans les chambres à gaz du fait de leur ethnie.
Comment oublier tous ces drames ignominieux ?

Un événement inattendu survint au cours de notre séjour
On déménagea du village dix à celui du numéro huit.
De nouveau, il nous a fallu reprendre nos vies en cours
Dans une partie d’une construction au milieu de ce site,
Entouré de grillages et de fils barbelés tout autour.

Le jour arriva où nous dûmes quitter ces lieux
Pour d’autres destinations d’autres angoisses.
Une vie dans les hameaux forestiers sous d’autres cieux
Au milieu des bois et des cris stridents des rapaces.
Seul le chant harmonieux de la nature était si mélodieux ! »

Marc Benredjem

Témoignage n° 14126464 déposé le 17 septembre 2023 par Madame Jamila Aicha BENSEMIANE

« J’ai entendu mon père cauchemarder toutes ses nuits jusqu’à la fin de sa vie.

J’ai mal dans mon cœur quand je pense à ce qu’il a vécu, mon cœur se déchire lorsque j’apprends tout les horreurs et barbaries que tout ces hommes femmes et enfants ont vécu.

Au nom de quoi ? De rien …

Ils ont tout perdu âmes et dignité, nous ont abandonnés dans cette France qui nous dénigre et nous rejette.

Qu’on le veuille ou pas, nos parents ont tout perdu, ils n’ont rien gagné en s’alliant à la France si ce n’est qu’une reconnaissance totalement hypocrite.

Nous n’avons aucune terre nous, enfants d’Harkis, que se soit la France ou l’Algérie, nous serons et resterons des rejetons.

Cordialement. »

Témoignage n° 13973436 déposé le 6 septembre 2023 par Monsieur Louardi SAAMI

« Fils de harki,

Nous avons vécu dans les camps Rivesaltes, Bias, témoin vivant de ces camps de la honte ou tous nos droits bafoués.

Mon père 7e RTA est mort en 1966 et, 5 ans plus tard, exhumé et crémation. À cette époque on était à Bias, pourtant nous sommes les piliers de la République. Nous avons contribué, par le sang versé, aux rayonnement de la France, dans le monde, il faut une loi cadre, en urgence.

J'ai mis en place la journée nationale en hommage aux Harkis le 25 Septembre 2001 avec mon ami Jacques Chirac et son cabinet.

A destin exceptionnel, lois exceptionnelles,
Saami Louardi
Représentant national des Anciens Combattants, L'armée d'Afrique, le 7RTA, les Harkis, leurs Familles. »

Témoignage n° 13606771 déposé le 3 août, modifié le 30 août 2023 par Monsieur Nordine DJELLAL

« Bonjour à tous, suite de mon histoire en tant que descendants d’ancien combattants d’Algérie.

Après 1968 j’ai vécu moi et ma famille ainsi que beaucoup d’autres familles d’ancien combattants d’Algérie dans la cité de la ville neuve de Grenoble 38100. Une des cités la plus dangereuse de France. Beaucoup de familles de harkis y ont vécu pas seulement au foyer Sonacotra de Grenoble.

Sans en rajouter je me suis déjà expliqué sur mon vécu. Je voulais juste rétablir une vérité sur ceux qui ont vécu après la sortie des camps de misère ou hameaux de forestages dans la cité de misère de la ville neuve de Grenoble 38100. Depuis, beaucoup sont morts et nous, enfants, demandons que le site de la ville neuve de Grenoble 38100 soit rajouté à la liste des structures donnant droits à des indemnisations jusqu’à 1975.

Pour ma part je suis très malade, le temps est compté. Dans l’attente merci de comprendre ma situation ainsi que celle de beaucoup d’autres enfants en grande précarité depuis des années. Nos pères, nos mères, sont morts, ne nous oubliez pas !

Aux noms de nos anciens combattants, l’histoire est dure, ce conflit est difficile à digérer. Mais avec tous ces conflits dans le monde la France doit rétablir ces liens avec nos 2 pays dans le pardon la compréhension et le retour à un dialogue apaisant. Pour ma part je crois en un juste retour des relations fraternelles. Les erreurs doivent être corrigées ensemble, en cohésion, et non pas grandir dans la haine.

Voilà et merci de me lire avec sincérité et non pas comme un numéro de dossier. »

M. Djellal

Témoignage n° 13734855 déposé le 19 août, modifié le 27 août 2023

« Mon père XXX Saïd évadé de prison en janvier 1967.

Lors de son incarcération, nous avons été ballottés chez certains membres de la famille en Algérie. La peur faisait partie de notre quotidien alors que mon père subissait des sévices corporels. IL EST DÉCÉDÉ À L'ÂGE DE 49 ANS. Il a été torturé, on lui faisait boire de l'eau savonneuse..
Lorsque mon père en parlait, son regard s'assombrissait et soudain il tombait dans un mutisme....

On s'est retrouvés mes parents mes 3 frères et moi dans la soute d'un bateau.
La famille XXX saïd était avec nous.
Il fallait le silence le plus absolu.
Les autorités algériennes étaient à notre recherche.

Arrivés à Saint Maurice l'ardoise. LE CAMP DE L'HORREUR...
Mes parents étaient comme tétanisés.
Il faisait un froid horrible. Nous devions sortir dans le noir et le froid pour faire nos besoins.
Dans ces baraquements, juste des couvertures marron où des poux grouillaient.
PAS DE MACHINE À LAVER. !!!
Ma mère réchauffait l'eau afin de nous laver 1 à 1 dans 1 grosse bassine en fer
1 seau de boules de charbon par jour pour alimenter la cuisinière qui faisait office de chauffage !
1 seule pièce pour 6 personnes ! !!!
Nous n'étions pas scolarisés. Nous vivions comme des animaux parqués ! !!!

1 sirène retentissait tous les jours midi signalait l'heure où il fallait aller chercher le repas.
Une marmite avec 1 repas pour midi et soir, des plus simplistes bien sûr et cette fameuse plaquette de chocolat
Il fallait surtout savoir jongler avec le froid et le vent cinglant et ce fameux fossé qu'il fallait traverser mon frère et moi. Trop lourd pour nous ! !! Bien sûr 1 jour, tout s'était renversé. !!!! Pas de repas
Ce jour là mon père était très malade
Notre mère s'occupait des 2 derniers et de mon papa....
Honnêtement, je ne me souviens plus si on avait eu droit à un autre repas.
Toujours est-il que la faim nous tenaillait. Les toilettes n'étaient que des cabanes en bois...au milieu de la nuit c'était le pire

Nous avons ensuite été transférés dans un hameau de forestage à Mirande. Mon [père NDLR] travaillait en tant que bûcheron ! !
Le soir un camion les posait.
Personnellement, j'ai souffert du racisme.
Nous avons été scolarisés dans 1 école primaire. Nous vivions dans des baraquements......Le froid nous a transpercé...la chaleur de l'été nous étouffait

Mais c'était surtout les adultes qui étaient Horribles....On nous traitait de sales bicots...bougnoules. ratons....

Mon père est né le 26 janvier 1935
Décédé le 5 décembre 1984!!!!
Il a juste vécu 17 ans sur le sol français....notre mère patrie qui nous a reçus comme des MOINS QUE RIEN. »

Témoignage n° 13741649 déposé le 21 août 2023 par Madame Medjahed DOUAA

« Mon grand-père paternel était Harki et est mort pour la France en 1957, laissant mon père en bas âge.
J'ai beaucoup de documents et de preuves Je voulais juste dire que mon père est décédé il y a des mois et qu'il souffre de pauvreté et de marginalisation à cause de mon grand-père et du mot Harki.
Nous souffrons aussi à cause de mon grand-père, il a aidé la France, et la France ne nous a pas aidés, nous laissant en Algérie. »

Procès verbal d'ouverture d'enquête suite au décès du Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED au service de la Harka du 6e Régiment de Cuirassiers d'El-Ma-El-Abiod / Source Madame Medjahed DOUAA

Attribution de la mention "MORT POUR LA FRANCE" au Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED / Source Madame Medjahed DOUAA

Extrait des services tenant lieu de livret militaire de Mohamed ben Ali MEDJAHED MORT POUR LA FRANCE à El-Ma-El-Abiod / Source Madame Medjahed DOUAA

Procès verbal d'ouverture d'enquête suite au décès du Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED au service de la Harka du 6e Régiment de Cuirassiers d'El-Ma-El-Abiod
Procès verbal d'ouverture d'enquête suite au décès du Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED au service de la Harka du 6e Régiment de Cuirassiers d'El-Ma-El-Abiod / Source Madame Medjahed DOUAA

Procès verbal d'ouverture d'enquête suite au décès du Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED au service de la Harka du 6e Régiment de Cuirassiers d'El-Ma-El-Abiod

Procès verbal d'ouverture d'enquête suite au décès du Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED au service de la Harka du 6e Régiment de Cuirassiers d'El-Ma-El-Abiod / Source Madame Medjahed DOUAA

Attribution de la mention "MORT POUR LA FRANCE" au Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED
Attribution de la mention "MORT POUR LA FRANCE" au Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED / Source Madame Medjahed DOUAA

Attribution de la mention "MORT POUR LA FRANCE" au Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED

Attribution de la mention "MORT POUR LA FRANCE" au Harki Mohamed ben Ali MEDJAHED / Source Madame Medjahed DOUAA

Extrait des services tenant lieu de livret militaire de Mohamed ben Ali MEDJAHED MORT POUR LA FRANCE à El-Ma-El-Abiod
Extrait des services tenant lieu de livret militaire de Mohamed ben Ali MEDJAHED MORT POUR LA FRANCE à El-Ma-El-Abiod / Source Madame Medjahed DOUAA

Extrait des services tenant lieu de livret militaire de Mohamed ben Ali MEDJAHED MORT POUR LA FRANCE à El-Ma-El-Abiod

Extrait des services tenant lieu de livret militaire de Mohamed ben Ali MEDJAHED MORT POUR LA FRANCE à El-Ma-El-Abiod / Source Madame Medjahed DOUAA

Témoignage n° 13744933 déposé le 21 août 2023

« Les difficultés que moi et ma famille avons rencontrées en tant que harkis, c'est l'accueil difficile en France dans les camps, les conditions de vie précaires, le manque de ressources et les actes de racisme.

Lors de notre installation dans notre petite maison à Roubaix, c'était une maison insalubre et exiguë, avec un père qui travaillait dur et qui luttait pour subvenir aux besoins de la famille. Nous avons dû affronter des difficultés en matière de logement, de nourriture, d'habillement et d'éducation.

Ma famille et moi avons dû subir des actes de racisme en raison de notre pauvreté et de nos origines, cela a affecté notre famille tant sur le plan émotionnel et psychologique. En ce qui me concerne, cela m'a poussé à ajouter mon prénom "Marina" afin de moins subir de racisme, particulièrement au niveau professionnel.

La privation de nourriture durant mon enfance a eu un impact significatif sur ma croissance, m'a par conséquent laissé mesurer moins d’1m50. Cet élément crucial que j'ai vécu met en évidence les conséquences profondes des conditions de vie difficiles que nous avons endurées.

Ma famille et moi avons a dû affronter de nombreux défis et séquelles résultant des conditions difficiles que nous avons endurées en tant qu'harkis en France. Le contraste entre l'attente d'être accueilli et soutenu en tant que famille ayant sacrifié pour le pays, et la réalité des difficultés que nous avons rencontrées, met en lumière l'importance de la demande de reconnaissance pour les sacrifices de mon père et de ma famille.

Aujourd'hui, nous familles d'harki et enfants d'harkis, avons le besoin légitime de reconnaissance et de soutien pour les manquements rencontrés de la part de la France. »

Témoignage n° 13308393 déposé le 8 juillet 2023, modifié le 9 juillet 2023

« Monsieur, Madame,

Nous nous permettons de vous écrire afin d'attirer votre attention sur les subventions octroyés aux enfants de harkis .
1962 Embarquement dans des conditions inhumaines dans les cales d’un bateau à bestiaux ; notre soeur bébé née en 1961 ,à cette période a survécu , ma mère“ paix à son âme” a toujours ignoré comment.
Saint-Maurice -l’ardoise
( camp militaire situé à Saint-Laurent-des-Arbres, Gard, France )promiscuité , hygiène ,insalubrité pas d’eau et plusieurs familles par tentes
acclimatation difficile) .Ensuite de 64, 68 nous étions des squatters à Nice logements insalubres manque d’hygiène total ( bidonvilles),pas d’eau jusqu’au mois de novembre 68.
Nous avons obtenu un logement social .
Citation«Elle reconnait également la responsabilité de l'État dans les conditions indignes de leur rapatriement et de leur accueil dans des "structures de toute nature" en France, après les accords d’Évian du 19 mars 1962.»«de proposer d'étendre la liste des structures de séjour ouvrant droit à la réparation (il s'agissait d'une demande forte des parlementaires. Certaines familles rapatriées en effet ont été logées en milieu ouvert, au sein de bidonvilles ou de cités urbaines» La loi a été promulguée le 23 février 2022. Elle a été publiée au Journal officiel du 25 février 2022.
Malgré un logement de cinq pièces 9 enfants plus les parents plusieurs d’entre nous après leurs naissances -par manque d’hygiène -placés sous la tutelle de la DASS , la scolarité pour l’ensemble a été bafouée et je dirais carrément inexistante en ce qui concerne chacun d’entre nous, sauf un exemple ce qui fait 9% de réussite il s’est accroché pour parvenir à obtenir son bac plus deux ,cela ne lui a pas permis pour autant son intégration sociale Pour l’ensemble des huit autres enfants ça été l’échec total. Aucune pédagogie de scolarité prise en compte , mise à l’écart par l’éducation nationale et par les services sociaux donc je dirais qu’aux moulins malgré un logement décent, mais avec l’illettrisme et manque de maîtrise du Français des parents,la précarité et le manque de revenus pratiquement inexistants. Et nous revenons sur la carrière militaire de feu, notre père complètement bafouée par le ministère de La Défense Comme le précise l’article de loi ;cette cité a toujours été difficile
et très sensible, l’échec a été aussi total que dans d’autres lieux comme les camps et autres …, Nous attirons votre attention sur l’énorme difficulté rencontré par la majorité d’entre nous ,maladie mentale
alcoolémie,drogue,dépression, tentative de suicide , déchirement , mal de vivre un mal-être, et je dirais le manque total de considération de l’État français et des collectivités locales. Nous tenons à préciser qu’un grand nombre de familles harkis et assimilés demeuraient et certaines demeurent toujours aux moulins la majorité a baissé les bras , comme une fatalité,les conditions étaient identiques, notre culpabilité est de ne plus avoir de représentant du moins à ma connaissance.Donc nous voudrions que vous revoyez les clauses de 64 à 68 où nous étions des squatters (bidonvilles)et de 1968 … où la discrimination , l’incompréhension,l’illettrisme des parents la pauvreté , démunis devant notre scolarité et le manque d’équité par rapport à la carrière militaire de notre feu père et son engagement pour la France . Pour l’ensemble des frères et sœurs les mêmes droits à l’indemnité . L’attribution de chacun sans discrimination.
Cela n’est pas très compliqué de désigner des experts indépendants et évaluer notre état psychique et les conséquences.
Non seulement mécontents devant l’inertie de l’état et le ministère de La Défense devant l’injustice et le manque d’information par rapport carrière feu notre père et maintenant cette discrimination.
La personne a servi durant 12 ans seulement la guerre aucun répit. dénonçant la LOI no 2022-229 du 23 février 2022
Fondement article 3 et Les lois de la XVIe législature 2022-2027
Consulter
Et La loi qui été promulguée le 23 février 2022. Elle a été publiée au Journal officiel du 25 février 2022.
Avec l’expression de nos salutations les plus distinguées. »

Témoignage n° 12996914 déposé le 18 juin 2023

« Fille d'harkis j'ai souffert de ce tabou

ils sont arrivés en France dans des conditions indignes et inhumaines parles dans des camps comme des animaux. Nous avons vécu à Mas-Thibert et ensuite à Barriol à Arles.

Nous n'avons jamais été reconnus aucune aides au niveau de l'emploi des logements rien.

En Algérie nous étions craches et rejetés car considéré comme des traités et en France même les immigrés étaient mieux traité. Même aujourd'hui être enfants d'harkis est tabou.

Mon père mort aujourd'hui c'est battu pour la France et nous sommes des citoyens de secondes zones et on ne manque pas de vous le rappeler. Une histoire tragique et qui aujourd'hui encore n'est que souffrance pour ma part. Jamais indemnisé et jamais aidé

française oui mais à quelle titre ?
Aucun... »

Témoignage n° 12994938 déposé le 18 juin 2023 par Monsieur Nordine DJELLAL

« Bonjour je suis née dans le camp du logis sainte Anne à Jouques (bouche du Rhône) en 1966 jusqu’à 1968 et après dans des cités dortoirs bien plus que 1975???

Ma vie en tant que fils de rapatriés a étais une vie de désolations et de souffrance j’en paie le prix avec 2 cancer aujourd’hui.je demande bien sur réparation légitime de mes droits jusqu’à 1975 et demande aussi une reconnaissance pour la mémoire de mon père ce héros engagé jeune dans l’ignorance la plus totale dans le conflit désastreux de la guerre d’Indochine quittant son pays en guerre sa famille pour un combat illégitime et en est revenu anéanti moralement et physiquement grand blessé de guerre il a étais décoré de la légion d’honneur pour actes de bravoure.

Après ce fut encore plus traumatisant pour lui et ma mère cette héroïne après l’indépendance un échappatoire terrible pour fuir son pays et tout perdre ce faisant menacer insulter ne savant plus ou était son camp sa patrie étant considéré comme des traître par l’Algérie et des moins que rien par certains français.

Arrivé détruit dans les camps (un mots terrible) en 1962 dans des conditions extrêmes de vie de tous les jours dans des baraquements insalubres un travail de foré stage très dur avec un encadrement très très dur élevé ces enfants dans des conditions qui non pas de mots tellement c’était inimaginable et inhumain dès traumatisme indélébile à vie.

Après cette enfer déplacement dans des cités dortoirs (cités urbaines) encore un traumatisme de plus tous reconstruire et oublié dans ces cités à difficultés ou faire ça place était comme une autre guerre, celle de l’intégration et de l’oublie mais que ce fut qu’une déception de plus difficultés de logement de scolarité de reconnaissance ce battre encore et encore sans jamais voir la fin, au fond qui sommes nous exactement nous qui n’avons rien demandé juste à naître et vivre une vie paisible à qui la faute ?à qui la responsabilité ?

Moi pour mon cas je rêver de beaucoup de choses mais faute de moyen rêve ce sont envolés comme une étoile filantes. La vie dans les cités à étais une vie de retard en tout éducation scolarité travail droit sociaux mon père et ma mère enfermé pendant des années du logement de fortune tellement il était stigmatisé et montré du doigt.
Étant analphabète tout les deux ne pouvant pas nous aider nous nourrir convenablement entassés à plusieurs entre 4 murs que ce fut dur dur un combat de tous les jours grandir dans ces cités dortoirs ou la précarité la délinquance était quotidienne comment échappé à tout ça comment grandir à tous ça quelle et le prix de cette vie de désolations !!!

Quelle fut la récompense pour un père engagé pour la France une mère élevant ces enfants dans une république laïque ou soit disant tous à égalité et bien ce ne fut pas le cas. Mon père et décédé de 2 cancer au poumon ma mère et décédé d’un cancer du poumon aussi sans jamais avoir fumé ??? Moi je vie aussi avec 2 cancer et un handicap de plus de 80% voilà notre récompense de cette page d’histoire encrée a jamais dans nos entrailles et notre mémoire.

À cela je rends hommage à mes parents frères et sœurs aux combattants morts pour la France et à toutes les victimes innocentes de cette vie de souffrance et d’incompréhension voilà monsieur madame un témoignage du fond du cœur avec les larmes qui vont avec Mr Djellal Nordine fils de rapatriés d’Algérie combattants d’Indochine théâtre d’opérations Grabriel. »

Témoignage n° 12853331 déposé le 7 juin 2023

« Je remonte dans mon enfance , ou je n'avais pas conscience , qu' en fait nous étions des rejetés de la société , nous les descendants des harkis , nous n'avions pas accès à une instruction scolaire normale car on était des enfants d'harkis .

J'ai été scolarisée à Mas Thibert jusqu'à mes 10 ans, nous faisions partie de la communauté du Bachaga Boualam.

Néanmoins, nous n'étions pas privilégiés. Les parents pour la plupart analphabètes, se consacraient aux besoins primaires, avec de maigres salaires. Ils n'avaient pas le temps de se préoccuper des autres besoins de leur enfants car ils travaillaient à la tâche, c'était le cas. J'ai compris cela bien plus tard, lorsque je me suis retrouvée à essayer de trouver un emploi stable, mais sans de grands diplômes ce n'était pas évident, sans compter le racisme auquel j'ai été confrontée.

Bref, ce que je veux dire, il est évident, que si nos parents avaient eu de meilleurs conditions de vie, nous, les enfants nous aurions plus de bagages pour affronter notre vie dans la société française et qui évolue chaque jour.

Peut être que mon témoignage vous semble inutile, je pourrais en dire plus, mais ce serait trop long. »

Témoignage n° 12755415 déposé le 1er juin 2023 par Monsieur BENSFIA Mohamed

« Madame, Monsieur,

Je me permets de vous écrire aujourd'hui en ma qualité de fils de harki, afin de vous soumettre les discriminations et les préjudices que j'ai subis tout au long de mon enfance en vivant dans un site de transit et jusqu'à présent.

Tout d'abord, je tiens à rappeler que mon père a servi avec loyauté la France pendant la période de la guerre d'Algérie en tant que harki. Après la fin de ce conflit, ma famille et moi avons été contraints de vivre dans un site de transit pendant plusieurs années, sans accès adéquat à un logement convenable ni à des conditions de vie décentes. Cette situation a eu un impact considérable sur notre bien-être physique, émotionnel et psychologique.

Malheureusement, en plus des conditions de vie précaires, j'ai également été confronté à de nombreuses formes de discriminations et d'injures en raison de mes origines harkies. Les remarques désobligeantes, les stéréotypes négatifs et les comportements hostiles auxquels je suis confronté encore aujourd'hui ont profondément affecté mon estime de soi et ma perception de ma place dans la société.

La pire discrimination subit viens de l'État lui-même... Nous sommes plusieurs enfants de harkis à avoir postulé pour un emploi réservé et aucun n'a pu décrocher un emploi quand bien même les premières demandes datant de la circulaire PLAN HARKI 2001-2002.
Comment faire appliquer les lois en ma faveur qui existe déjà.
La réparation ne me rendra pas ma dignité alors que votre reconnaissance n'est qu'un effet d'annonce.
Ma sœur handicapée est inscrite sur les listes des emplois réservés depuis 30 ans .
Que faire pour être considéré et reconnu comme citoyen français à part entière quand bien même la discrimination vient de l'État lui-même.

J'espère sincèrement que cette démarche contribuera à sensibiliser davantage l'opinion publique sur les difficultés rencontrées par les familles de harkis et à promouvoir une société plus juste et inclusive.

Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de ma considération distinguée. »

Témoignage n° 12754182 déposé le 31 mai 2023

« Mes parents, mes frères ,ma sœur et moi même sommes arrivés d’Algérie au mois de mai 1968.
Nous sommes restés bloqués au port d’Alger pendant une vingtaine de jours pour raison de grève.
D’Alger nous sommes arrivés à Marseille, et de Marseille à Saint Maurice L’ardoise.
Nous sommes restés 9 mois dans ce hameau, notre père a trouvé un appartement à Villeurbanne .
Nous habitons toujours Lyon et nos parents reposent au cimeterre de Vénissieux. Par ces quelques mots je rends hommage à mes parents .
Merci de m’avoir lu. »

Témoignage n° 12739246 déposé le 31 mai 2023 par madame Akila BENCHABI

« Je suis née en Algérie, et je suis arrivée en France après l indépendance de l Algérie, mon père est un harkis, il a combattu pour la France, il a été obligé de fuir l Algérie, à notre arrivée en France, nous avons été conduit au camp de la honte St Maurice l ardoise
Dans des conditions déplorable, sous des tentes, partager avec d autre famille, dans le froid, manque de confort, d hygiène,on fut traité comme des bêtes, nous étions sous tutelle de la France, aucun lien avec la population de ce village, nous sommes restés 1 ans avant d être conduit, dans un autre camp
Le hameau de forestage d Apt, dans des pré fabriquer provisoire, un provisoire qui a duré 20 ans, honte à la France, de la maltraitance. »

Témoignage n° 12610570 déposé le 20 mai 2023

Témoignage n° 12610570, déposé le 20 mai 2023
Témoignage n° 12610570, déposé le 20 mai 2023

Témoignage n° 12595207 déposé le 17 mai 2023 par Madame Fatima AMEUR

« Arrivée en France le 10/06/62 à 5 mois en France avec ma famille, j'ai certains souvenirs présents de choses vécues, vues mais ce sont les ressenties et la parole de mes parents qui est à tout jamais inscrite en moi.

Histoire volée, histoire subie, exil porté encore aujourd'hui.

Et jamais je n'ai entendu le "prenez place au sein de ce pays qui est le votre". Juste la relégation, la honte, l'incompréhension.

Ni de France, ni d'Algérie.

A 61 ans je vis cela en dans mon corps, mon âme et mon esprit mais surtout par rapport à mes parents perdus ici, perdus la-bas.

Et dans les pires souvenirs, entendre que dans les écoles de la République, certains utilisent "Harkis" comme une insulte nous marquant encore plus fort au fer rouge de la négation. »